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Vaccination anti-HPV en milieu scolaire

Rédaction : Geoffroy CANLORBE, Anne-Gaëlle POURCELOT, Lise LECOINTRE.

Analyse de la littérature – L’expérience Australienne de la vaccination en milieu scolaire

Le sujet de la vaccination en milieu scolaire interroge beaucoup, au point même d’inquiéter sur son lancement et sa réussite. Nous pouvons néanmoins nous appuyer sur une experience Australienne à partir d’une étude publiée en 2021 dans le journal Vaccine.

Cette étude vise à déterminer les comportements, connaissances et attitudes décisionnelles de parents vis-à-vis de la vaccination anti-HPV chez leurs enfants adolescents dans un contexte de programme national de vaccination en milieu scolaire et sans différence de genre.

L’enjeu est primordial puisque la vaccination anti-HPV apparaît sub-optimale dans la catégorie des adolescents et la couverture vaccinale est d’autant plus faible chez les garçons.

Les auteurs ont mené une étude qualitative randomisée en cluster et contrôlée incluant 40 écoles de 2 états différents en Australie (Australie de l’Ouest et du Sud). L’intervention était basée sur des entretiens avec des adolescents, le partage d’outils d’aide à la décision pour les parents et les adolescents ainsi que sur le développement de stratégies logistiques de vaccination en milieu scolaire. Les entretiens avec les adolescents permettaient de leur fournir des connaissances afin de leur permettre de participer à la décision de vaccination et d’augmenter leur confiance et ainsi réduire leur anxiété vis-à-vis du vaccin.
Parmi les 40 écoles, un échantillon de 11 écoles (6 interventionnelles et 5 contrôles) a été sélectionné parmi lesquelles des entretiens avec des parents volontaires ont été réalisés. Le but de l’étude était de collecter des données relatives aux connaissances des parents et à leur compréhension vis-à-vis du programme national de vaccination en milieu scolaire, comprendre les facteurs influençant leur prise de décision en faveur ou non de la vaccination, évaluer les connaissances de leurs adolescents sur l’HPV et la vaccination anti-HPV ainsi que sur la notion de comportement sexuel à risque. Les entretiens ont été réalisés après la fin de la campagne de vaccination et ont été enregistrés et retranscrits en verbatim.
Au total, il y a eu 22 répondants concernant 21 adolescents.

Parmi les 22 répondants, 19 déclaraient que leurs adolescents avaient reçu au moins 1 dose, 2 ne savaient pas, 2 déclaraient que leur adolescent n’avait pas été vacciné et 1 n’a pas répondu. Toutes les vaccinations, sauf une, ont été réalisées dans le cadre du programme de vaccination en milieu scolaire.

Les points positifs notés par les parents étaient leur confiance envers les vaccins au vu des études menées, l’effet de pair apporté par le milieu scolaire, le bénéfice apporté par le cadre scolaire leur permettant de ne pas reporter ou « oublier » les vaccinations de leurs enfants par manque de temps, l’accessibilité financière via les subventions des vaccins par le gouvernement.

Les facteurs influençant la prise de décision étaient l’inclusion du vaccin anti-HPV dans le programme de vaccination globale ce qui pouvait traduire une validation sociétale, l’importance de l’expérience personnelle ou de proches d’une infection HPV ou de cancers. Les parents rapportaient que leurs adolescents leur faisaient confiance pour la prise de décision avec pour certains une discussion à ce sujet.

La connaissance sur l’HPV et la vaccination apparaissait néanmoins limitée chez les parents, surtout concernant la vaccination des garçons. La plupart évoquait une transmission sexuelle du virus et son implication dans la survenue de cancer du col de l’utérus. En revanche, il a été souligné des lacunes en termes de connaissances des autres maladies liées à l’HPV ou encore sur le bénéfice du vaccin également pour la population masculine (en dehors de la réduction de transmission évoquée par certains).

Le contexte scolaire a été approuvé par tous les parents car les écoles semblent idéalement positionnées pour diffuser des messages de prévention.

L’Australie s’est largement impliquée dans la promotion de la vaccination en milieu scolaire ce qui a permis un déclin rapide des maladies ciblées par les vaccins ainsi qu’une meilleure couverture vaccinale des adolescents. Ceci représente toutefois un vrai enjeu logistique d’adaptation des écoles lors des campagnes de vaccination. Nous pouvons également souligner que les réponses ont été apportées par 22 répondants dont 19 avaient des adolescents vaccinés par au moins une dose, ce qui représente une proportion énorme par rapport au contexte français. Néanmoins, nous pouvons identifier dans cette étude un biais de recrutement de la population interrogée. En effet, les parents ayant accepté de se rendre disponible pour répondre étaient probablement les plus intéressés par les vaccins et la recherche. D’autre part, il existait un délai assez long entre l’intervention initiale dans les écoles et l’entretien d’évaluation, entraînant probablement un certain biais de mémoire. De plus, il n’y avait pas de traduction en plusieurs langues ce qui peut limiter la compréhension des familles dont l’anglais n’était pas la langue maternelle. Enfin, nous pouvons remarquer que parmi les parents interrogés, il y avait peu de pères, pouvant générer un biais dans les réponses. Il y avait également peu de parents interrogés dans le groupe intervention par rapport au groupe témoin ce qui ne n’a pas permis aux auteurs de mettre en exergue des différences entre ces deux groupes.

En conclusion, l’implémentation d’un programme de vaccination anti-HPV accessible et pratique avec des bons procédés et du renforcement positif social pourrait contribuer à apaiser les peurs concernant la sécurité du vaccin et ainsi favoriser une certaine compliance vaccinale.

En France, l’INCa a lancé une campagne de communication, dès le 4 septembre, qui se poursuivra tout au long du mois de septembre. L’objectif principal de cette campagne vise à informer, sensibiliser et outiller les parents, enfants, professionnels de santé et personnels de l’Education nationale. Pour ce faire, nombreuses actions sont déployées : campagnes radio, presses nationale et régionale, groupe de professionnels de santé ambassadeurs, affiches et flyers, sites web… L’enjeu vise à faire de cette première campagne une réussite qui pourra être proposée pour les prochaines années.

 

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Bibliographie :

  1. INCa 2021. Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030- Feuille de route 2021-2025. Février 2021.
  2. Perman S, Turner S, Ramsay AI et al. School-based vaccination programmes: a systematic review of the evidence on organisation and delivery in high income countries. BMC Public Health. 2017 Mar 14;17(1):252.
  3. Bruel Sébastien, Cochard Julie, Espinousse Sandrine et al., « Revue de la littérature sur les interventions en milieu scolaire concernant la vaccination anti-HPV », Santé Publique, 2020/1 (Vol. 32), p. 29-41.
  4. Gallagher KE, Howard N, Kabakama S et al., Lessons learnt from human papilloma virus (HPV) vaccination in 45 low-and middle-income countries. Plos One. 2017;12(6).
  5. Nguyen-Huu NH, Thilly N, Derrough T et al.; HPV Policy working group. Human papillomavirus vaccination coverage, policies, and practical implementation across Europe. Vaccine. 2020 Feb 5;38(6):1315-1331.
  6. Davies C, Stoney T, Hutton H, Parrella A, Kang M, Macartney K, Leask J, McCaffery K, Zimet G, Brotherton JML, Marshall HS, Skinner SR; HPV.edu Study Group. School-based HPV vaccination positively impacts parents' attitudes toward adolescent vaccination. Vaccine. 2021 Jul 5;39(30):4190-4198. doi: 10.1016/j.vaccine.2021.05.051. Epub 2021 Jun 12. PMID: 34127299.

 

 

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