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Place de l’auto-prélèvement HPV dans le monde

Anne Gaëlle POURCELOT
Anne Gaëlle POURCELOT

 

La grande majorité des cancers du col survient chez des patientes ayant échappé au dépistage avec souvent des facteurs socio-démographiques associés à un accès au soin moindre [1-2].

La recherche d’un HPV à haut risque par auto-prélèvement a démontré son efficacité dans le diagnostic des lésions de haut grade du col utérin. L’auto-prélèvement est aussi performant qu’un prélèvement réalisé par un professionnel de santé et il est plus performant pour la recherche d’HPV oncogène que pour la cytologie [3]. Enfin, plusieurs méta-analyses ont montré que l’envoi de kits pour auto-prélèvement est plus efficace que l’envoi de lettre de rappel ou d’invitations pour augmenter le dépistage [4-6].

De nombreuses études pilotes ont été réalisées dans le monde afin d’évaluer la faisabilité et l’efficacité du dépistage par auto-prélèvement  et plusieurs pays ont introduit le test HPV par auto-prélèvement dans leur système de dépistage organisé (soit pour les patientes ayant échappé au dépistage, soit de façon généralisé pour toutes les femmes) [7]. Néanmoins, ils restent à la marge (seulement une vingtaine de pays dans le monde).

En Europe, les Pays Bas ont été les premiers à proposer cette solution à toutes les femmes. Le programme a débuté en 2017, proposant aux femmes via un courrier soit un dépistage standard chez leur médecin soit un dépistage via un kit d’auto-prélèvement à récupérer chez leur médecin traitant. Entre 2017 et 2020, le taux de femmes ayant choisi l’auto-prélèvement est passé de 4 à 8%. Ces dernières sont satisfaites puisque 90 % d’entre elles désirent continuer avec cette méthode. A noter que comme en France, la  positivité du test impose une consultation médicalisée pour la réalisation d’une cytologie de triage. Le taux de perdues de vue au Pays Bas est relativement faible, d’environ 7% [8]. La Suède ainsi que l’Albanie ont également généralisé les auto-prélèvements. Le Danemark et  la Finlande réservent l’auto-prélèvement aux patientes non dépistées, relancées par les programmes de dépistage.

Depuis juillet 202, l’Australie a élargi l’indication d’auto-prélèvement. Il était auparavant destiné aux femmes de plus 30 ans n’ayant jamais été dépistées ou celles dont le dépistage datait de plus de 2 ans. Celui-ci est désormais proposé à toutes les patientes éligibles au dépistage (25 à 74 ans)  qui ont donc le choix entre l’auto-prélèvement ou le prélèvement par un professionnel de santé. Le kit est distribué par le médecin et le test effectué au cabinet du médecin. Les résultats du test sont envoyés au médecin qui organise la suite de la prise en charge si besoin [9].

En Amérique du Sud, l’Argentine, le Pérou et le Guatemala ont généralisé à toutes les femmes l’auto-prélèvement. D’autres pays comme le Honduras ou l’Equateur réservent cette méthode à des groupes spécifiques de patientes à risque de non dépistage (régions géographiques avec accès difficile aux soins, contextes sociaux défavorisés…).

Enfin, en Asie et en Afrique, l’auto-prélèvement reste à la marge avec certains pays l’ayant recommandé mais avec en pratique de grandes  difficultés à la mise en place (Kenya, Rwanda).
Encore peu usité, l’auto-prélèvement semble être un moyen intéressant d’augmenter le taux de femmes dépistées, notamment dans les pays où l’accès aux soins est difficile (mais moins d’une dizaine de pays en voie de développement l’ont mis en place). La pandémie de COVID-19, durant laquelle tous les programmes dépistages ont été mis à mal,  a également modifié la façon de penser la prévention et a probablement accéléré dans plusieurs pays la généralisation des auto-prélèvements.

Toutefois, l’usage de l’auto-prélèvement ne se conçoit qu’associé à un suivi strict et à un triage des tests positifs par les professionnels de santé.  Sans cette condition impérative, celui-ci perd tout son sens. Les méthodes de suivi sont variables selon les pays (appel téléphonique, SMS, courrier, RDV systématique…) [10].

 

  1. IARC Cervix Cancer Screening. IARC Handbooks of Cancer Prevention. Vol. 10 IARCPress, 2005.
  2. Elit L, Saskin R, Raut R, Elliott L, Murphy J, Marrett L. Sociodemographic factors associated with cervical cancer screening coverage and follow-up of high grade abnormal results in a population-based cohort. Gynecol Oncol 2013;128:95-100
  3. Snijders PJ, Verhoef VM, Arbyn M, et al. High-risk HPV testing on self-sampled versus clinician-collected specimens: a review on the clinical accuracy and impact on population attendance in cervical cancer screening. Int J Cancer 2013;132:2223-36
  4. Verdoodt F, Jentschke M, Hillemanns P, Racey CS, Snijders PJF, Arbyn M. Reaching women who do not participate in the regular cervical cancer screening programme by offering self-sampling kits: a systematic review and meta-analysis of randomised trials. Eur J Cancer 2015;51:2375-85.
  5. Racey CS, Withrow A, Gesink D. Self-collected HPV Testing Improves Participation in Cervical Cancer Screening: A Systematic Review and Meta-analysis. Can.J.Public Health 2013;104:e159-66
  6. Arbyn M, Smith SB, Temin S, Sultana F, Castle P; Collaboration on Self-Sampling and HPV Testing . Detecting cervical precancer and reaching underscreened women by using HPV testing on self samples: updated meta-analyses.  BMJ. 2018 Dec 5;363
  7. Worldwide use of HPV self-sampling for cervical cancer screening. Serrano B, Ibáñez R, Robles C, Peremiquel-Trillas P, de Sanjosé S, Bruni L. Prev Med. 2022 Jan;154:106900. doi: 10.1016/j.ypmed.2021.106900. Epub 2021 Nov 30
  8. J-L Mergui . Gyneco on line .  Mai 2022
  9. https://www.cancer.org.au/clinical-guidelines/cervical-cancer/cervical-cancer-screening
  10. eveloping SMS Content to Promote Papanicolaou Triage Among Women Who Performed HPV Self-collection Test: Qualitative Study. Sanchez Antelo V, Kohler RE, Curotto M, Viswanath KV, Paolino M, Arrossi S. JMIR Form Res. 2020 Mar 6;4(3):e14652. doi: 10.2196/14652.

 


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