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Facteurs de risque de récidive des lésions intra-épithéliales du col de l’utérus

Julia  MARUANI
Julia MARUANI

 

Après traitement d’une lésion intra-épithéliale de haut grade (LIEHG), il est nécessaire de proposer une surveillance prolongée aux patientes en raison du risque de récidive de 6,6% (1) et de l’augmentation du risque de cancer du col par rapport à la population générale (RR 2,6) même en cas de marges saines et perdurant au moins 25 ans après la conisation. (2).

Après traitement d’une lésion intra-épithéliale de haut grade (LIEHG), il est nécessaire de proposer une surveillance prolongée aux patientes en raison du risque de récidive de 6,6% (1) et de l’augmentation du risque de cancer du col par rapport à la population générale (RR 2,6) même en cas de marges saines et perdurant au moins 25 ans après la conisation. (2).
Le plus souvent, ces femmes présentent une persistance prolongée d’HPV en raison d’une « défaillance » de leur immunité potentiellement causée par une prédisposition génétique les rendant inapte à la clairance virale.

La notion de récidive inclut les lésions résiduelles/persistantes et les lésions récurrentes de LIEHG.
Parmi les facteurs de risque de récidive, le plus important concerne les marges de résection.
On parle de marges non saines en cas de présence de LIEHG sur la tranche de section de la conisation ; ceci n’est pas forcément synonyme de lésions résiduelles sur le col et ainsi 65% des femmes ayant une conisation en marges non saines n’ont pas de lésions résiduelles.
Selon la méta-analyse d’Arbyn, le taux de récidive en cas de marges saines est de 3,7 % alors qu’il est de 17,1% en cas de marges non saines (RR 4,8). Ces résultats sont concordants avec l’autre importante méta-analyse réalisée sur le sujet (3).

De plus, le caractère exo ou endocervicale de la marge non saine a un impact : 16,3 % en cas de marges non saines endocervicales versus 7,2% en cas de marges non saines exocervicales.
Selon cette même méta-analyse, le type de traitement semble avoir un impact sur le taux de récidive : il est de 6,7 % avec la conisation à l’anse diathermique versus 2,2% pour la conisation au bistouri froid et pour la conisation laser.

Dans l’argumentaire de l’INCa en 2016 (4), cette différence de risque en raison du type de traitement n’avait pas été retrouvé dans les méta-analyses précédentes (5) qui selon Arbyn sont plus fiables concernant cette question.

Selon les données actuelles, il n’existe donc pas de preuve pouvant associer le risque de récidive au type de traitement.

Le nombre de pièces de résection et la taille de la conisation n’ont pas d’impact sur le taux de récidive.

Le résultat du curetage de l’endocol positif lors de la conisation ne semble pas être un facteur de récidive mais la littérature est mitigée et de faible niveau de preuve sur cette question.

Les patientes ayant un antécédent de conisation ou de destruction laser avant la conisation ont un risque de récidive plus élevée.

L’étude des facteurs hormonaux/sexuels n’a pas permis de mettre en évidence de risque accru de récidive qu’il s’agisse du statut ménopausique, de la contraception, de l’utilisation de préservatif, de l’âge aux premiers rapports sexuels, du nombre de partenaires sexuels ou de la parité. Ceci argumentant bien qu’une fois l’infection à HPV acquise, il s’agit plus d’un problème immunitaire que de risque d’exposition aux HPV.

Concernant l’âge des femmes, les études sont discordantes retrouvant soit pas d’augmentation du risque ou une augmentation du risque en cas d’âge plus élevé.

Le tabagisme n’a pas été retrouvé dans la littérature comme facteur de risque de récidive, donnée surprenante qui mérite d’autres études pour appuyer ou non cette donnée.

Le test HPV en post thérapeutique est le facteur prédictif de récidive le plus sensible (91%) avec une sensibilité supérieure au statut des marges (55,8%) et à la cytologie (72%).

Ce test est surtout intéressant pour sa VPN puisque le risque de récidive est £ 1% en cas de test HPV négatif (concernant 60 à 80 % des patientes dans les mois suivant la conisation).

En conclusion, le statut des marges de conisation et le test HPV sont les 2 principaux facteurs de récidive à prendre en compte.

Les recommandations récentes de l’INCa sur le suivi post thérapeutique par le test HPV devrait permettre de mieux diagnostiquer les récidives et ainsi de diminuer le risque de cancer invasif chez ces femmes.

En ce qui concerne les LIEBG, il n’existe pas à ce jour de données scientifiques suffisantes ayant permis de déterminer d’éventuels facteurs de risque de récidive.

1. Arbyn et al. Incomplete excision of cervical precancer as a predictor of treatement failure : a systematic reviem and meta-analysis. Lancer oncol ; 2017
2. Sand et al. Long-term risk of cervical cancer following conization of cervical intraepithelial neoplasia grade 3 – A danish nationwide cohort study. Int J Cancer.2018.
3. Ghaem-Maghami et al. Incomplete excision of cervical intraepithelial neoplasia and risk of treatment failure: a meta-analysis. Lancet ncoll.2007.
4. Conduite à tenir devant une femme ayant une cytologie cervico-utérine anormale, Collection recommandations et référentiels, INCa, décembre 2016.
5. Martin Hirch et al. Surgery for cervical intraepithelial neoplasia.Cochrane Database Syst Rev. 2010. Update in Cochrane Database Syst Rev. 2013.


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