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Performance du double immunomarquage p16/ki67 et du test HPV pour la détection des lésions intra-épithéliales de haut grade au sein de patientes ayant un frottis ASC-US

Arthur FOULON

Arthur FOULON

 

Le frottis cervico-utérin (FCU) ASC-US représente aujourd’hui un peu plus de 2 à 3 % de tous les FCU et plus de 50 % de l’ensemble des FCU anormaux [1]. Après un frottis ASCUS chez les femmes de moins de 30 ans, le double immunomarquage p16/Ki67 a une sensibilité comprise entre 97 % et 100 % pour la détection des CIN2+. Dans cette situation précise, le double immunomarquage s’avère plus spécifique que le test HPV [2,3]. Pour le moment, le double immunomarquage reste une option en cas de FCU ASC-US chez les patientes de moins de 30 ans. Si le marquage est positif la colposcopie est indiquée, s’il est négatif un nouveau FCU doit être réalisé à 12 mois [4].

Cette étude évalue les performances diagnostiques du double immunomarquage p16/Ki67, du test ARNm HPV E6/E7 et du test HPV au sein d’une population de patientes ayant un FCU ASC-US. Ils ont analysés 300 FCU ASC-US, 46 % avaient une inflammation cervicale, 36 % une lésion intra-épithéliale de bas grade, 9,7 % une lésion intra-épithéliale de haut grade CIN II, 7,3 % une lésion intra-épithéliale de haut grade CIN III et 1 % un carcinome épidermoïde. Sur l’ensemble des FCU, le double immunomarquage p16/Ki67 était moins fréquemment positif que le test HPV (32 % vs 85,3 %) sans distinction d’âge. Lorsque l’histologie retrouvait une inflammation cervicale, le test HPV était positif dans 74,6 % des cas alors que le double immunomarquage était positif dans 2,2 % des cas uniquement. Pour les patientes ayant une lésion intraépithéliale de bas grade CIN I, le test HPV était positif dans 92,6 % des cas et le double immunomarquage dans 37 % des cas. En cas de lésion intraépithéliales de haut grade, le test HPV et le double immunomarquage avaient le même pourcentage de positivité soit 96,6 % et 100 % des cas de CIN II et de CIN III respectivement. La sensibilité de ces deux tests pour le dépistage de lésion intraépithéliale de haut grade est la même (98,2 % pour les CIN II et 100 % pour les CIN III). La spécificité du double immunomarquage p16/Ki67 est quant à elle significativement plus importante que celle du test HPV (82,5 % vs 17,5 % pour les lésions CIN II et 74,2 % vs 16 % pour les lésions de CIN III).

Les données sur les puissances statistiques des tests sont concordantes avec les données de la littérature dont les deux études utilisées pour les dernières recommandations. Cependant la prévalence du test HPV dans cette étude est supérieure à la majorité des précédentes études sur le sujet. En effet, la prévalence moyenne de positivité du test HPV au sein d’une population de patientes ayant un FCU ASC-US varie entre 34 et 55 % en moyenne [4]. Et ce résultat n’est pas en lien avec la nature du test puisqu’ils ont utilisés le test HC2®. Pour le dépistage des lésions de haut grade, dans une population de patiente avec un FCU ASC-US, le double immunomarquage et le test HPV ont une sensibilité équivalente cependant la spécificité du double immunomarquage est bien supérieure. Ces résultats pourraient être utilisés pour diminuer le nombre de colposcopie. Si le double immunomarquage p16/Ki67 était utilisé à la place du test HPV, les auteurs estiment une diminution de 53 % du nombre de colposcopie. En utilisant uniquement le double immunomarquage dans la population ASC-US nous sous-diagnostiquerions les lésions de bas grade. Les résultats présentés ci-dessus concernent une population de patiente de 25 à 65 ans. Hors, dans les recommandations actuelles, le double immunomarquage p16/Ki67 est une option pour les patientes de moins de 30 ans. Le double immunomarquage pourrait être étendu à toute la population concernée par le dépistage. Pouvons-nous imaginer un avenir sans test HPV pour nos patientes ayant un frottis ASC-US ?

 

Pour en savoir plus :

  1. Catteau X, Simon P, Noël J-C. Evaluation of the Oncogenic Human Papillomavirus DNA Test with Liquid-Based Cytology in Primary Cervical Cancer Screening and the Importance of the ASC/SIL Ratio: A Belgian Study. ISRN Obstet Gynecol. 2014;2014:536495.
  2. Schmidt D, Bergeron C, Denton KJ, Ridder R, European CINtec Cytology Study Group. p16/ki-67 dual-stain cytology in the triage of ASCUS and LSIL papanicolaou cytology: results from the European equivocal or mildly abnormal Papanicolaou cytology study. Cancer Cytopathol. 25 juin 2011;119(3):158‑66.
  3. Bergeron C, Ikenberg H, Sideri M, Denton K, Bogers J, Schmidt D, et al. Prospective evaluation of p16/Ki-67 dual-stained cytology for managing women with abnormal Papanicolaou cytology: PALMS study results. Cancer Cytopathol. juin 2015;123(6):373‑81.
  4. Conduite à tenir devant une femme ayant une cytologie cervico-utérine anormale. Recommandations professionnelles. UNICANCER. Inca. Décembre 2016.

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