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Colposcopie insatisfaisante en cours de la grossesse : quelles options ?

Jean-Jacques Baldauf, Lise Lecointre, Emilie Faller, Thomas  Boisrame, Cherif Youssef Akaladios

Jean-Jacques BALDAUF, Lise LECOINTRE,
Émilie FALLER,
Thomas BOISRAME,
Sherif Youssef AKALADIOS

 

La surveillance prénatale constitue une excellente opportunité pour réaliser un frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus chez les femmes non ou irrégulièrement dépistées. Le frottis est recommandé durant la grossesse chez toutes les patientes qui n’en avaient pas bénéficié dans les deux ans auparavant. Les indications de la colposcopie durant la grossesse se limitent depuis les nouvelles recommandations aux anomalies cytologiques dites sévères pour lesquelles la probabilité d’une lésion précancéreuse voire d’un cancer est plus élevée.

La grossesse constitue une situation où l’interprétation colposcopique est particulièrement difficile en cas de jonction incomplètement visible. Cette situation est rare mais comporte un risque plus important de méconnaître une lésion invasive. En effet plus la lésion intéresse une surface importante, plus la probabilité d’une lésion micro-invasive est élevée. L’extension endocervicale, qui est beaucoup plus fréquente dans les cancers micro-invasifs que dans les lésions de haut grade, constitue une véritable difficulté pour le colposcopiste.

Globalement la proportion de colposcopies satisfaisantes est plus importante et augmente avec l’âge gestationnel. Cela plaide en premier lieu pour une répétition de la colposcopie 6 à 8 semaines plus tard. Toutefois en présence d’images élémentaires suspectes de cancers (anomalies vasculaires, irrégularités de surface dues aux rétractions épithéliales et aux ulcérations, vaisseaux dénudés, zones de nécrose), il convient de tenter une manœuvre prudente d’ouverture de l’orifice externe surtout chez la patiente qui se rapproche de 40 ans et/ou que la cytologie avait évoqué un cancer.  A l’aide d’une pince à bout mousse ou d’un spéculum endocervical cette limite supérieure de la lésion dans l’endocol peut dans certains cas être rendue visible, mais cette manœuvre peut déclencher un saignement.

Comme le curetage endocervical est contre-indiqué pendant la grossesse la conisation reste justifiée chez les rares patientes présentant un frottis évocateur d'un cancer et une extension endocervicale, qui reste incomplètement visible de la lésion à la colposcopie. Cette conisation est plutôt recommandée au deuxième trimestre de la grossesse, période à laquelle la majorité des fausses-couches spontanées ont déjà eu lieu, et à laquelle le contrôle colposcopique à bien confirmé le caractère non satisfaisant définitif.

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