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Conduite à tenir devant un frottis AGC

Xavier CARCOPINO

Xavier Carcopino

 


Selon la classification de Bethesda, un frottis AGC indique la présence de cellules cylindriques (glandulaires/endocervicales/endométriales) atypiques sans autre précision. La prise en charge de ce type de frottis anormal représente un vrai défi pour les cliniciens. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’anomalies cytologiques rares. Mais aussi parce que la colposcopie est souvent normale et que la mise en évidence d’anomalies glandulaires cervicales est particulièrement difficile en colposcopie.1,2 Enfin parce que ce type d’anomalie au frottis peut être révélateur d’un large spectre de pathologies sous-jacentes allant d’une lésion épidermoïde intraépithéliale de haut grade (LIEHG) jusqu’aux lésions de l’endomètre, en passant par des authentiques lésions glandulaires du col utérin.1,2 Paradoxalement, la lésion la plus fréquemment identifiée en cas de frottis AGC ne sera pas une lésion glandulaire cervicale mais une LIEHG.2,3


Place du test HPV pour le triage des AGC
Au fil des années, les performances du test HPV ont été démontrées pour le triage des frottis de type ASCUS, essentiellement parce que son extraordinaire valeur prédictive négative permet d’éliminer la présence d’une LIEHG sous jacente et d’éviter une colposcopie de ce fait inutile.4 Utilisé en dépistage primaire, le test HPV a également démontré sa supériorité sur le frottis. Mais cette supériorité ne repose pas sur une réelle différence à prévenir les cancers invasifs de type épidermoïde, mais bel et bien les cancer de type glandulaires (adénocarcinomes).5  Si ces résultats incitent à indiquer la pratique d’un test HPV pour le triage des AGC, les études citées précédemment ne ciblent pas exactement la valeur du test HPV dans cette indication. Parce que les anomalies cytologiques glandulaires sont rares, elles restent malheureusement peu étudiées dans la littérature. A ce jour on peut retenir essentiellement deux études ayant évalué la valeur du test HPV dans cette indication.1,6 Si ces deux études reposent sur un faible nombre de patientes étudiées (respectivement 179 et 108 patientes), elles montrent toutes les deux l’excellent valeur prédictive négative du test HPV utilisé dans cette indication. Celle-ci serait de 95,6 % (IC à 95 % : 92,2-99,0) pour Zhao et col.6 et de 94,1 % (IC à 95 % : 84,5-103,7) pour Zeferino et col.1

Indication des explorations endo-utérines
La justification de la réalisation d’une exploration endo-utérine repose sur la possibilité d’une authentique lésion endométriale révélée par ce type d’anomalie cytologique.1,2 Mais la prévalence de ce type d’anomalie varie de façon importante avec l’âge des patientes. Tous âges confondus, la prévalence des néoplasies endométriale chez les femmes ayant une cytologie AGC est de 4 à 32 %.2,3,6,7 Mais la médiane d’âge des cas de cancer de l’endomètre  serait de 56 ans (étendue de 41 à 87 ans).2 Et surtout,  une proportion plus importante de lésions endométriales est diagnostiquée chez les femmes de plus de 50 ans par rapport aux femmes plus jeunes.3,6,7 Pour ces raisons, il est aujourd’hui admis que si la réalisation d’une exploration endo-utérine n’est pas justifiée avant 45 ans, celle-ci doit être réalisée après cet âge.

Conclusion
En cas de cytologie AGC, les performances du test HPV permettent de ne pas indiquer la réalisation d’une colposcopie d’emblée. Le teste HPV semble être le meilleur moyen de trier ces anomalies cytologiques rares et une colposcopie ne sera indiquée que si le test HPV est positif. Une exploration endo-utérine sera indiquée dans tous les cas si la patiente a plus de 45 ans.


Bibliographie
1.   Zeferino LC, Rabelo-Santos SH, Villa LL, Sarian LO, Costa MC, do Amaral Westin MC, et al. Value of HPV-DNA test in women with cytological diagnosis of atypical glandular cells (AGC). Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2011 Nov;159(1):160–4.
2.   Shoji T, Takatori E, Takeuchi S, Yoshizaki A, Uesugi N, Sugai T, et al. Clinical significance of atypical glandular cells in the Bethesda system 2001: a comparison with the histopathological diagnosis of surgically resected specimens. Cancer Invest. 2014 May;32(4):105–9.
3.   Asciutto KC, Henic E, Forslund O, Bjelkenkrantz K, Borgfeldt C. Age influences the clinical significance of atypical glandular cells on cytology. Anticancer Res. 2015 Feb;35(2):913–9.
4.   Arbyn M, Roelens J, Simoens C, Buntinx F, Paraskevaidis E, Martin-Hirsch PPL, et al. Human papillomavirus testing versus repeat cytology for triage of minor cytological cervical lesions. Cochrane Database Syst Rev. 2013;(3):CD008054.
5.   Ronco G, Dillner J, Elfström KM, Tunesi S, Snijders PJF, Arbyn M, et al. Efficacy of HPV-based screening for prevention of invasive cervical cancer: follow-up of four European randomised controlled trials. Lancet Lond Engl. 2014 Feb 8;383(9916):524–32.
6.   Zhao C, Florea A, Austin RM. Clinical utility of adjunctive high-risk human papillomavirus DNA testing in women with Papanicolaou test findings of atypical glandular cells. Arch Pathol Lab Med. 2010 Jan;134(1):103–8.
7.   Castle PE, Fetterman B, Poitras N, Lorey T, Shaber R, Kinney W. Relationship of atypical glandular cell cytology, age, and human papillomavirus detection to cervical and endometrial cancer risks. Obstet Gynecol. 2010 Feb;115(2 Pt 1):243–8.

 

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